04/04/2017

[Interview] Charlotte&Magon : "En banlieue, il y a une vie artistique"

Le duo franco-israélien Charlotte & Magon est actuellement en studio pour travailler sur son nouvel album qui devrait sortir fin 2017 début 2018. En ce début de printemps, nous sommes allés à leur rencontre pour en savoir un peu plus. 

Combo95 : Vous êtes aujourd’hui en pleine préparation de votre nouvel album, si vous nous en disiez un petit peu plus…

Charlotte : On a trouvé son nom avant même qu’il ne soit fini et que toutes les chansons soient prêtes. Il s’appellera Lyrical Miracle. C’est notre miracle, on l’a enregistré dans notre studio, chez nous, l’été dernier. On est resté enfermé dans le studio avec une trentaine de chansons, à la fin il n’en restait que neuf.

Magon : Cette fois-ci on a invité beaucoup de nos amis musiciens. C’était génial ! Le deuxième EP “Power In” on l’avait travaillé avec notre ami multi-instrumentiste Nimrod Goldfarb, là c’était plus ouvert avec beaucoup d’idées et de couleurs.

Charlotte : Le fait de faire participer d’autres musicien-ne-s, cela rejoint un petit peu ce dont on parle dans l’album : être ensemble, se respecter, essayer de changer les choses. On a invité le tromboniste Daniel Zimmermann, les chanteuses Hannah Clair et Gabrielle Haz du duo Vespucci, Stéphanie Boué, une pianiste qui est la fondatrice de la radio Faubourg Simone, Isïa du groupe Mante.

Magon : Raz Burg un pianiste israélien qui a joué avec nous dès le début et surtout Nimrod Goldfarb qui est resté trois semaines avec nous au studio. Il a notamment coécrit une des chansons de l’album. C’était génial, on n’avait rien décidé, mais une nouvelle chanson est née.

Combo95 : Afin de le financer, vous venez d’ailleurs de lancer une campagne de crowdfunding. Quels sont vos objectifs à atteindre ?

Charlotte : On a lancé notre campagne sur la plateforme Microcultures que l’on trouve très belle. Ils ont un rapport très proche avec les artistes. C’est ce qui nous a plu. Nos objectifs sont de réussir à financer le mastering que l’on a fait chez Chab Mastering, un mec ultra talentueux.

Magon : On veut aussi pouvoir presser les vinyls et CD. Pour cela, on permet à notre public de pouvoir précommander le support qu’il souhaite. Le but est vraiment de pouvoir terminer cet album dans de bonnes conditions. Il ne faut pas oublier que nous sommes un groupe indépendant.

Charlotte : Cela nous a permis aussi de promouvoir cette sortie d’album. On a pu révéler quelque chose, quelques mots, quelques images et quelques sons avec parcimonie. Cela nous permet aussi de commencer un travail de fond de promotion.

Combo95 : Quelles sont les influences actuelles du groupe ? Les origines israéliennes de Magon constituent-elles une source d’inspiration pour vous ?

Magon : Oui ! Je pense même que l’album va commencer avec quelque chose qui n’aurait jamais eu lieu si je n’avais pas mes origines. Pas uniquement israéliennes d’ailleurs. Ma mère est née en Israël et mon père à Bagdad, mes grands-parents paternels et maternels viennent également d’Irak. J’ai donc également des origines arabes qui m’inspirent aussi. Vivre en Occident avec une identité orientale, naviguer entre les deux est une source d’inspiration qui m’intéresse beaucoup. Charlotte, elle, a des origines espagnoles.

Charlotte : Actuellement, on est intéressé par énormément de choses différentes, autant musicales qu’artistiques. Je suis dans ma période musique baroque. Quand on est stressé, et on l’est avec tout ce qu’il y a à faire avec la sortie de l’album, on écoute de la musique classique pour se détendre ou en se brossant les dents (rires).

Magon : Rires ! Et comme on se brosse les dents en moyenne trois à quatre heures par jour ça fait beaucoup (rires). J’écoute aussi beaucoup d’Aretha Franklin en ce moment.

Charlotte et Magon : On écoute Angel Olson, que l’on adore, Parquet Courts, un groupe new yorkais. On écoute aussi beaucoup de musiques africaines, de divers endroits en Afrique.

Magon : On est toujours à la recherche de musiques inconnues qui proviennent de mixtape d’ici, d’ailleurs. De partout.

Combo95 : Aujourd’hui l’industrie musicale regorge d’étiquettes et de styles musicaux : pop, électro-pop, électro-swing, pop-rock, pop-psychédélique, etc. Sur votre biographie, il est mentionné « cosmic-pop » comment vous définiriez ça ?

Magon : C’est toujours difficile pour les artistes car il faut avoir une étiquette. Tout le monde interprète le nom des genres différemment. Même entre Charlotte et moi. Après on connaît cette importance au niveau du marché de la musique. Mais Charlotte va mieux expliquer pourquoi « Cosmic-Pop » car elle a hâte de parler !

Charlotte : (Rires) En réalité, on n’est pas dans un style de musique facilement identifiable, on peut faire des chansons rock, des chansons plutôt électro, des ballades, des morceaux expérimentaux ou garage. Enfin, on va dans tous les sens ! On est davantage dans un répertoire qui se déroule d’album en album et d’EP en EP. Après, il y a toujours quelque chose qui revient dans notre musique : c’est cette ouverture vers le haut, essayer de trouver la lumière, quelque chose qui nous élève un petit peu. On fait pas mal d’expérimentations dans le studio et il y a ce côté cosmique qui revient. Dans une autre interview, on nous avait dit que l’on parait beaucoup du ciel, de l’espace et on a trouvé que ça nous correspondait. On est un peu des extraterrestres. Du coup, on est cosmique et on fait de la pop. Donc on est cosmic-pop !  

Combo95 : Au final, peu importe l’étiquette, vous avez réussi à vous construire un univers bien à vous. On le retrouve notamment dans vos clips, qui sont tous « home made », est-il important pour vous de les réaliser ?

Magon : Oui et non. A un moment, c’était vraiment important pour nous de les réaliser car ça allait avec le concept et le style de ce que l’on produisait. C’est le cas avec « Egg Dance », ça fonctionne super bien, c’est juste parfait. Outre le fait de faire de la musique, on aime aussi faire d’autres choses, dont des vidéos. En ce qui me concerne, j’aime beaucoup faire des montages vidéo. Pour le futur, on aimerait travailler avec des réalisateurs et avoir un budget plus important pour la réalisation de nos clips afin de développer des idées encore plus spéciales et aller plus loin. En attendant, on peut toujours faire nos vidéos nous-mêmes. Dans tous les cas, cela sera toujours « à notre sauce », on ne fera pas appel à une personne extérieure en le laissant se débrouiller. Sauf si c’est une personne qui comprend réellement notre univers.

Charlotte : Par exemple, pour l’EP « Power In », on a demandé à une amie réalisatrice israélienne, Amit Jakie David, qui fait du stop motion de faire le clip de notre chanson « Aliens ». Nous lui avons totalement laissé les rênes, mais on lui a fourni les objets et on a discuté ensemble de ce que l’on voulait dire, de ce que l’on voulait faire. Je pense que même quand on laisse les rênes à un réalisateur, on aime travailler en collaboration créatrice.

Combo95 : Votre groupe a bénéficié il y a quelques années, en 2015 pour être exacte, du dispositif d’accompagnement Starter. Avec le recul que vous avez aujourd’hui, que pensez-vous que cela a pu vous apporter ?

Magon : Pour commencer, starter c’est super ! (rires)

Charlotte : C’est assez étonnant, mais j’ai l’impression que les choses arrivent toujours quand elles doivent arriver. En 2014, on a changé pas mal de choses au sein de notre duo, avant on tournait avec un groupe, on produisait nos albums avec d’autres personnes dans des studios. Puis, on a changé d’univers cette année-là, on s’est recentré sur note duo et sur notre manière de travailler. On a mis en forme notre studio d’enregistrement et surtout on a arrêté de travailler à côté. On s’est dit : On va sortir de notre bulle, on va aller chercher les gens plutôt que d’attendre qu’ils viennent nous découvrir. Le dispositif Starter est arrivé pile à ce moment-là et on l’a pris à bras le corps. Il nous a permis de faire de très belles résidences et d’appréhender la scène de façon totalement différente. Ca a débloqué pas mal de choses, on a pu faire partie d’un réseau autant départemental que professionnel. On a eu l’opportunité de faire pas mal de concerts dans le Val d’Oise. On a également rencontré nos éditeurs, Emilie Gonneau lors d’une conférence au théâtre du Cormier qui a édité « Egg Danse EP », Kevin Lacroix qui travaillait avant à l’EMB, nous a mis en contact avec Maxime Jacquard de Echo Orange qui est aujourd’hui notre éditeur. Starter nous a aidé à nous propulser et nous donner des conseils.  Aujourd’hui encore, on continue à profiter de cette relation particulière. La preuve, on joue encore beaucoup dans le Val d’Oise, on participe à des conférences. On a rencontré beaucoup de musiciennes et de musiciens, ce qui nous a permis de sortir de notre isolement. Il est bon de sentir que, même si l’on n’est pas à Paris, mais en banlieue, il y a une vie artistique.

Combo95 : Vous êtes grandement investis au sein du réseau, Charlotte tu as participé aux entretiens de motivation pour l’édition 2017 de Starter et tu as également été intervenante lors d’une des conférences traitant sur l’égalité Femmes/Hommes au sein des musiques actuelles. Aujourd’hui, tu as aussi monté un collectif de musiciennes. Est-il important pour toi de faire fonctionner et d’être actrice de ce réseau de musiques actuelles ?

Charlotte : En fait, en général, la création pour les artistes, (à effacer compositeurs et créateurs) c’est une démarche qui est très personnelle. J’en parlais avant, on est un peu dans une bulle avec nos projets, nos histoires, nos propres réussites. Se monter en collectif et être actrice/participante au sein d’un réseau te permet de te sentir un peu moins seul. C’est essentiel pour moi, il y a une partie importante de l’aspect social, de ce que l’on fait en tant qu’artiste, c’est d’aller vers les autres. Par exemple, on a rencontré un groupe du Val d’Oise qui s’appelle « The Greystones » et Magon a décidé de leur enregistrer une chanson dans notre studio. Ça nous permet d’agrandir nos actions, notre création. Il y a un côté pédagogique et de transmission. Chaque artiste transporte avec lui dans son art, tout ce qu’il vit, y compris les choses douloureuses. Pour ma part, je suis assignée femme, donc je fais face dans mon métier aux difficultés que les femmes rencontrent dans la société. C’était aussi important pour moi d’agir pour rendre les choses plus simples pour les femmes ; de vivre, de faire leur métier d’artiste. En termes d’authenticité, aussi c’était important que notre musique ne soit pas uniquement là pour faire du bien sur le moment, il y a une profondeur dans ce que l’on essaie de partager, qui va au-delà du simple plaisir d’écouter de la musique à un moment instantané. On a envie de changer les choses, d’être actifs. Pour moi, être active au sein du collectif « Musiciennes & Co » c’est nous élever tous, ne pas simplement apporter de la bonne musique, mais aussi une réflexion, une remise en cause. De la bonne musique en plus.  

Magon : Dans le monde de l’art surtout, il arrive qu’il y ait une concurrence, de la compétition entre les artistes. Pour nous, cela ne devrait pas être comme ça. Il n’y a pas de la place pour un seul artiste, mais pour tous. Quand on est ensemble, on peut se protéger mutuellement, ne pas se faire avoir par des forces négatives, des forces qui ne respectent pas l’art, des forces négatives de la société en général. On a envie de protéger les artistes, le public. On a envie d’offrir une alternative, quelque chose de non prétentieux et de bienveillant. Charlotte en a parlé avec Musiciennes & CO. Elle m’inspire beaucoup, c’est une cause qui lui tient à cœur car c’est une femme, elle a de la force pour aider les autres, dans le cas présent des femmes qui en ont besoin. En tant qu’homme j’ai la chance d’être avec quelqu’un qui fait tout ça. Je la soutiens totalement, quand je peux aider je le fais.

Charlotte : Toutes les notions d’entraide, de déconstruction des oppressions, pas seulement les femmes, mais que tout le monde subit, c’est en filagramme dans notre nouvel album.

Magon : C’était là dès le début, mais on trouve de plus en plus la force de dire les choses d’une manière, pas forcément plus directe car la subtilité dans l’art est importante, mais plus forte, plus courageuse. Il y a besoin de courage pour s’affirmer. On a beaucoup à dire.

Charlotte : C’est vrai, on ne le disait pas au début, enfin ce n’était pas vraiment dans nos chansons. Ces dernières années, on a appris à lire le monde d’une certaine manière. Dans ce nouvel album, on ose un peu plus dire les choses. C’est marrant car plus on avance et plus on apprend à accepter une certaine fragilité qui est en quelque sorte le propre de l’artiste. C’est un balancement entre force et fragilité. Que ce soit nos actions purement professionnelles comme le disait la question au niveau du réseau, des collectifs que l’on monte ou du travail en collaboration avec d’autres artistes, tout ça se ressent. En tout cas on essaie de le transmettre avec notre musique. Le nouvel album qui va sortir c’est totalement ça. 

 

Propos recueillis par Maëlyss 

 

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