[Interview] Thomas Jagas : "J’aime les gens, ce sont eux ma source d’inspiration"

Vous êtes nombreux ! Est-ce que vous pourriez commencer par vous présenter ?

Thomas : Thomas, Thomas Jagas ! Je suis le leader du groupe, je chante, fais un peu de guitare acoustique et du saxo. J’écris également les textes et compose la base de la musique. 

Bruno : Bruno, guitariste.

Maxime : Maxime. Je joue du piano, de la guitare et du violoncelle. Je suis le petit nouveau du groupe, puisque je suis arrivé fraichement il y a six mois.

Enzo : Enzo, bassiste, claviériste et choriste.

Donc en fait Thomas, c’est vraiment ton projet et tu travailles avec des musiciens ?

Thomas : Voilà, c’est ça en gros.

Est-ce que ça a toujours fonctionné de cette façon ?

Thomas : Non, c’est plutôt nouveau. Il y a toujours une démarche de groupe mais maintenant c’est moi qui suis mis plus en avant.

Comment le projet est né ?

Thomas : Le groupe, c’est une histoire beaucoup plus vieille qui fait référence à mon histoire familiale où la musique était très présente. On chantait le soir ensemble, on faisait des reprises. Aimant ça et ayant un papa qui écrit beaucoup, je me suis mis moi-même à écrire. J’ai commencé ensuite à mettre des accords dessus. Ensuite j’ai vécu à Achères où il y avait une salle de concert avec des studios de répétition (le Sax). Voilà comment j’ai commencé, dans quel cadre j’ai évolué. J’ai monté un groupe avec un ami, puis le projet a évolué vers Jagas. J’ai toujours fait de la musique de façon très autodidacte, je n’ai jamais pris de cours. L’accompagnement que me propose le Combo 95 est donc une belle aventure, ça me permet de rattraper le retard sur certaines choses, notamment pour la voix ou le positionnement.

Comment vous, les musiciens, arrivez-vous dans le projet ?

Maxime : C’est l’ancien accordéoniste qui m’a contacté, car le bassiste devait partir. Moi je ne connaissais pas du tout la bande mais ils m’ont contacté pour me demander de venir faire un test en répétition. Je suis arrivé, et l’idée c’était qu’un mois après on fasse la première partie de Caravan Palace. Il a donc fallu charbonner assez rapidement. Là on va dire que depuis six mois, l’équipe c’est un peu reformée. Bruno et moi on est là depuis un petit moment et un nouveau batteur nous a rejoint. Il connaissait déjà le projet avant. On est vraiment dans cette phase de transition où c’est Thomas qui apporte la matière. On va arranger cette matière avec lui mais on n’est moins dans un travail de création de groupe.

Justement, quel est votre processus de composition de la musique ?

Thomas : C’est assez variable. Parfois j’ai des idées de mélodies que j’enregistre sur mon téléphone, d’autres fois j’ai des bouts de textes. A partir de là j’écris le texte, en même temps que la musique parfois, où en même temps que la mélodie surtout. Je travaille également sur le rythme, le placement, une structure de morceau. Je me transpose beaucoup sur la scène, donc j’imagine toujours comment je vais la chanter pour le public. C’est comme ça que je compose. Avec la nouvelle équipe on n’a pas encore abordé la question de la composition. Les nouveaux morceaux sont déjà écrits et il va y avoir un travail avec un réalisateur, et de là on va voir pour l’EP quelle place les musiciens vont avoir. Ils auront notamment une place importante sur le live.

J’ai une question que j’hésite à poser, pourquoi tu chantes en français ?

Thomas : Mon anglais n’est pas super bon. Mais je chante surtout en français parce que j’ai baigné dans cette culture de la variété et de la chanson française. C’est ce qui me paraissait le plus évident puisque ce sont mes influences. Je ne me suis jamais posé la question de chanter en anglais mais c’est vrai que j’aurais pu avoir un père fan de rock anglais ou de bossanova et peut être que ça m’aurait inspiré autrement.

Quels sont tes influences du coup ?

Thomas : Pour l’écriture je dis toujours que c’est un peu Renaud, mais c’est assez variable parce qu’il y a des procédés d’écriture qui sont un peu différents, que je fasse un texte très néo-réaliste ou plus abstrait, ou poétique. J’aime bien œuvrer dans différente démarches. Parfois j’ai beaucoup d’écriture, donc je vais plus être dans un registre de chanson hip-hop, j’aime bien ça, je retrouve ce truc là. Et là les dernières compositions, j’en parlais tout à l’heure avec Enzo, je suis plus sur un truc où j’ai retiré beaucoup de mot, et sur des textes beaucoup plus courts. Je suis beaucoup inspiré par l’attachement à la réalité du monde. J’aime les gens, ce sont eux ma source d’inspiration. Je raconte des histoires, des situations, et je parle beaucoup des sentiments en fait. Ca peut être de la colère sociale, ou le sentiment amoureux. Ces derniers temps j’ai pas mal écrit sur la question des droits des femmes. C’est assez variable mais au final c’est vraiment le portrait que je peux faire de quelque chose qui m’a ému, notamment comme le morceau « Je suis un homme », c’est l’histoire de ma vie un peu que je transpose à travers des récits que j’ai entendu ou des gens qui m’ont touché. Mon inspiration est multiple. Par contre, dans le procédé d’écriture j’aime bien avoir quatre ou cinq bouquins de poésie en référence, aller piocher, lire un poème. C’est bien pour s’inspirer de thème et trouver des mots. Tu peux ensuite travailler ces mots et leurs sonorités.

Vers quelle direction tu souhaites faire évoluer le projet ?

Thomas : On souhaite faire identifier le projet par les SMAC (scènes de musiques actuelles) ou les gros festivals. On va beaucoup travailler sur les dispositifs de découverte et faire en sorte d’être identifié des milieux professionnels parce qu’on est déjà identifié dans l’underground et on n’est plus à notre premier concert. On souhaite vraiment passer une étape. Nous avons aussi un nouveau tourneur qui travaille sur cette nouvelle stratégie promotionnelle du groupe, avec la manageuse aussi. C’est tout un travail de fond qui va être fait avec également une nouvelle identité visuelle, et peut être phonographique aussi.   

Propos recueillis par Laura